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  Les petites histoires 

écrit le 6 juin 2014
mise à jour : 29 octobre 2014

GPP-2-  St Cyr-sous-Dourdan (91) : l'Affaire Binet (Avril-Juillet 1793)

extrait du site de François THIEBAUD : Histoire locale de St Cyr-sous-Dourdan,

 

En Avril 1793, Victoire Binet accès à la fiche individuelle , 33 ans, domestique, refuse de s’alimenter ; elle a perdu la raison il y a 10 ans, puis l’a retrouvée puis l’a reperdue. Ce jeûne la met rapidement dans un état d’assoupissement.
En Mai, de nombreuses processions viennent, de dix lieues à la ronde, et s’arrêtent devant la maison de la Sainte. Les gens s’agenouillent pour prier et essaient d’entrer dans la maison pour toucher Victoire Binet. Ses parents ne savent quoi faire et lui donnent des bains froids ce qui la rend roide et maintient la malade dans un état léthargique dont les causes sont considérées « impénétrables, même surnaturelles » ; la procession de Saint Arnoult fait passer des reliques au-dessus de son corps.
Le 21 juin, Théodore Alexis Charpentier déclare que le directoire du district de Dourdan mandate deux officiers de santé pour aller constater la maladie extraordinaire ; elle ne s’alimente pas depuis 9 semaines, ne donne aucun signe de vie, que quelques mouvements involontaires ; « les malveillants et les fanatiques égarent l’opinion des habitants de la campagne » ; « le citoyen Denvers doit aller à Versailles pour y conduire la citoyenne Binet sous la surveillance des officiers de santé ».
Le 24 juin, le maire Gilles Rigault entouré de ses officiers municipaux et des parents de la malade demande à l’administration de Seine & Oise de prendre en charge Victoire Binet car ils ne peuvent plus s’en occuper.
Le 25 juin, Visite de Charpentier, administrateur du district de Seine & Oise qui « trouve la malade couchée dans un lit ; elle apparaît fraîche et son visage n’a point dépéri » ;
Le 1er juillet, le comité de sureté générale déclare que «On ne veut plus que les curés malveillants fanatisent les habitants du canton » ; « que la citoyenne Binet soit emmenée à Versailles car il lui faut l’Art dont elle a besoin, ce qui n’est pas possible dans sa maison, faute d’hommes assez instruits »
Le lendemain ? on apprend que la citoyenne Binet a recouvré le mouvement et la parole ; « cette affaire est terminée ».
A la maison municipale de St Cyr, le 9 juillet 1793, les officiers municipaux rédigent l’avis de décès dans le registre. Victoire BINET est décédée à St Cir, en présence de sa famille, du maire et des officiers municipaux. Elle n’a pas survécu à sa privation de nourriture pendant de nombreuses semaines.
 
a St Cyr le 24 juin 1793 lan 2 de la
République françoise

Les maires et officiers municipaux de la
Commune de Saint Cir District de Dourdan

Aux citoyens administrateurs
Du département de Seine & Oise

Nous Vous prévenons qu’il existe dans la dite commune de Saint Cyr une fille nommée Geneviève Victoire Binet, fille, natif de la dite commune agée de trente trois ans, qui est dans un assoupissement ou litergie sans connoissance a la vue du monde, depuis soixante huit jours, sans prendre aucune nourreiture que ce soit, ni sans rendre la moindre des chose, Sinon quelques phelegmes quel rend de tems en tems.
Vu le grand concours de monde qui arrivent journellement dans la dite commune sous pretexte que c’est une sainte, nous vous remarqués même que plusieurs personnes se mettent en prière auprès d’elle et qui apporte des linge pour la toucher comme par devotion, plusieurs même nous ont invité a leur delivrer des certificats pour attester la maladie de la dite fille.
Que la dite fille n’a ni père ni mère quelle a toujours été depuis quinze ans dans l’Etat de domesticité, est présentement chez pierre Isidore Binet son frere, elle a aussi dans la dite commune, une seure, un Beau frere et oncle qui sont hors d’Etat de lui donner le secours necessaire a sa maladie.
Comme le monde se porte en foulle et en si grande quantité pour voir la dite fille, nous demandons avis a l'administration des mesures a prendre a cette Egard .
C’est dans ces vues que la municipalité, et du consentement de ses parents qui se sont joint a nous, prie l'administration de prendre leur représentation en considération

Les officiers municipaux et parents de la dite fille

Claude Simon, officier municipal
Rigault, maire et beau-frère
j.f. Damars, Beau frere Auchenard oncle,
P. I. Binet frere
Butet Secrétaire greffier
 
Extrait du registre Des délibérations du directoire du District De Dourdan

Seance du 25 juin 1793, l’an 2 de la republique

Un membre observe que le directoire a pris le 21 de ce mois un arrêté tendant a faire constater par deux officiers de santé en présence d’un administrateur, la situation Phisique de la citoyenne fille Binet demeurant a St Cyr ; que les officiers de santé n’ont point encore été entendu, que cependant il est de notoriété publique que cette fille est depuis environ sept semaines attaquée d’une maladie extraordinaire dont les causes ne sont pas connues, ce qui attire chez elle un grand concours de personnes ; que les différents rapports faits a ce sujet dans les conversations particulières et desquels il résulte que cette fille ne prend aucun aliment et ne donne d’autre signe de vie que quelques faibles mouvements involontaires, prouvent assez combien il est important d’employer des mesures de precaution susceptibles d’enlever aux malveillants et aux fanatiques les moyens de saisir cette particularité pour égarer l’opinion des habitants de la campagne ; que l’application de ces mesures ne sauroient être trop prompte attendu que parmi les personnes qui se rendent journellement et en grand nombre chez la malade, plusieurs, si l’on en croit les bruits publics, ont la faiblesse d’attribuer l’état de cette infortuné a des causes impénétrables et même surnaturelles.
Sur quoi — et Procureur Syndic, le directoire, adoptant ses conclusions et les observations de l’opinion, arrête que le citoyen Denvers, l’un de ses membres se transportera a versailles a l’effet d’inviter l’administration du departement a faire voyager dans cette vue la ditte citoyenne Binet sous la conduite de ses parents et sous la surveillance de deux officiers de santé et a la charge des soins du traitement que necessite sa maladie, jusqu’à parfaite guerison

Pour expedition N. Savouré
 

           Acte du 24 juin 1793, l’an deux de la république française

Nous théodore alexis Charpentier administrateur du Directoire du Département de Seine et oise, sur l’avis qui nous a été donné par les membres du directoire du District de Dourdan qu’à Saint-Cyr, à une lieue de Dourdan, il y avait une fille malade depuis longtemps laquelle ne prend aucun aliment et ne rend aucune matiere. Nous sommes rendus audit lieu de St-Cyr, dans la maison du nommé pierre isidore Binet manouvrier audit lieu ; avons demandé à la femme dudit Binet où était la malade dont il s’agit il nous a montré une fille nommée victoire Binet, couchée dans un lit, laquelle nous a paru fraiche et avoir un visage qui n’a point dépéri ;
La femme Binet nous a dit qu’il y a eu jeudy dernier neuf semaines qu’elle est en cet état et ne prend et ne rend rien. Avons reconnu que la malade avait encore de la respiration et cependant était roide ce qu’on nous a annoncé provenir de l’effet des bains froids qu’on lui a fait prendre.
Nous nous sommes rendus chez le citoyen Gilles Rigault maire dudit lieu de Saint Cyr et l’avons invité de nous donner officieusement les renseignements qu’il peut avoir sur l’état et la cause de la maladie de ladite victoire Binet. Il nous a répondu que depuis plus de neuf semaines victoire Binet est malade au lit, qu’elle n’est point maigrie, qu’elle jouit de sa respiration, que sa figure est colorée de même que si elle était en pleine santé, qu’elle ne prend aucun aliment quelconque, ne transpire pas et ne rend aucune matière.
Que cet événement parait incompréhensible a tout le monde et que l’affluence est telle qu’il vient des personnes de plus de dix lieues pour voir la malade. Que beaucoup de personnes croient que c’est une sainte, que beaucoup de curés viennent aussi et notamment celui de Ste Julienne, village voisin de celui de St-Cyr mais qu’ils ne manifestent pas ouvertement leur opinion sur l’état de la malade et la cause de sa maladie.
Que lui citoyen maire a connaissance que victoire Binet a en quelque sorte perdu la raison il y a près de dix ans mais que par les soins qui lui ont été portés elle a recouvré sa raison, que depuis environ un an ou deux victoire Binet a été attaqué de la maladie qu’elle a maintenant et qu’elle est resté la première fois trois jours, la seconde fois cinq jours et la troisième de neuf jours. Qu’il croit que l’état de victoire Binet est cause de l’augmentation des processions qui se font à Ste Julienne et que le peuple conduit par les curés prend le prétexte d’aller à Ste Julienne et reviennent ensuite voir victoire Binet qu’on regarde généralement comme une sainte. Que chaque jour il vient plus de deux cents personnes à St-Cyr à cause de cette malade et que certains jours il vient plus de mille personnes en un jour, que cependant il n’a vu aucune procession venir à St-Cyr à cause de cette malade. Que celle de St arnoult qui passe tous les ans à St Cyr y a passé aussi cette année et qu’on a fait passer la malade sous les reliques. Qu’il sait qu’un grand nombre de personnes se laissent fanatiser par cet événement et que beaucoup se mettent à genoux devant victoire Binet, lui baisent les pieds, les mains, font tomber du linge à son corps, et que même les personnes qui ne peuvent rentrer s’agenouillent en dehors de la maison et adressent leurs prières à victoire Binet qu’ils regardent comme sainte. Que demain la commune de Chevreuse qui vient tous les ans en procession à St-Cyr viendra sans doute la voir. Sur ce que nous lui avons demandé si les processions se faisaient abondamment il nous a répondu que depuis deux ans elles se multipliaient singulièrement attendu que dans l’ancien Evêché de Chartres elles étaient défendues et que l’évêque du département les tolère actuellement. et a ledit citoyen maire signé avec nous.

Rigault           Charpentier
 
     Registre de décès – Ref AD91 – BMS 4E – 2521 (page 190 sur Internet)

Aujourd’hui mardi neuf juillet mil sept cent quatre vingt treize l’an deux de la république françoise, nous jacques françois LeDrapt premier officier municipal, vu l’empêchement légitime de Gilles Rigault officier public de la commune de Saint Cir, beau frere de la décédée, en execution de l’article deux du titre cinq de la loi du vingt septembre dernier au moyen de la déclaration a nous faite par pierre isidore binet manouvrier demeurant a Saint Cir et de jean francois Damars, elaguer, demeurant a Bandeville susdite paroisse de Saint Cir, frère et beau frère de la décédée, tout deux âgé de vingt un an passé, que geneviève Victoire Binet étoit décédée, nous sommes transporté en la maison du dit pierre isidore Binet en laquele ladite Genevière victoire Binet étoit décédée d’après les renseignements a nous donné que ladite décédée s’apelloit Geneviève victoire Binet domestique âgée de trente trois, nâtif de cette paroisse, le tout fait en présence de pierre isidore Binet, de Gilles Rigault, de jean françois Damars beau beau frère et de adrien auchenard oncle, qui ont signé avec nous.

Rigault         Pierre isidore Binet

Auchenard      j.f. Damars      j.f. le Drapt

Fesans foncion dofficiers publics
 

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